Le trafic terrestre entre les deux pays demeure suspendu et les barrières toujours maintenues.
Ce post Facebook annonçant la réouverture de la frontière terrestre entre le Bénin et le Niger à travers une prétendue levée du blocus installé sur le pont du fleuve Niger est faux.
Sur Facebook, le jeudi 07 mars 2024, des internautes ont fait des posts pour annoncer que la frontière terrestre entre le Bénin et le Niger est rouverte comme ce post que nous vérifions qui affirme: “Bénin-Niger, les barrières dégagées côté nigériens”.
L’équipe de vérification des faits de Sota FM a enquêté pour connaître la réalité.
L’image utilisée pour illustrer l’article présente le Capitaine Boureima Seyni, Préfet de Gaya accompagné d’une délégation d’hommes en uniforme du Niger et du Maire de Malanville Guidami Gado en tenue locale de couleure violette et un chapeau rouge sur la tête, entouré du Commissaire de Malanville et quelques policier. Cette image montre ces autorités sur le pont de la frontière du côté du Bénin. On y voit à gauche une partie du bloc administratif des agents de sécurité et à droite de l’image, deux tonnaux peints en rouge blanc, positionés habituellemnet pour servir de support de barrière de passage. Ces caractéristiques renvoient à la photo de la récente descente du préfet de Gaya et sa délégation à Malanville, le mardi 5 mars 2024.
Nous avons fait une recherche Google avec les mots clés : “Ouverture de la frontière côté Niger” et avons découvert qu’une délégation nigérienne conduite par le préfet de Gaya Capitaine Boureima Seyni était en visite à Malanville lundi 4 mars 2024 balisait le terrain pour des officiels de Niamey. Ces autorités nigériennes étaient annoncées pour ce jeudi 07 mars. Une date perçue comme celle devant marquer la fin de la suspension du trafic terrestre entre le Bénin et le Niger. Mais aux dernières nouvelles, la mission de Niamey n’est plus venue. «La mission de Niamey a été annulée», informe le Commissaire du poste frontalier de Malanville, Richard Zenny contacté par l’équipe de fact-checking de Sota FM.
Par ailleurs, joint au téléphone Fadel Alou, journaliste à Radio Faara à Gaya informe sur la présence à Gaya des émissaires de Niamey. «La délégation est là (Gaya, Ndlr), mais elle effectue seulement des visites sur les services des FDS a Gaya», fait savoir le confrère avant de confirmer la non descente à Malanville de cette délégation mercredi 6 mars. « À Gaya, la délégation a passé en revue les installations des forces armées nigériennes, notamment à la frontière avec le Bénin, sans toutefois aborder la question de sa réouverture pour le moment», indique-t-il dans un post .
Quant aux barrières, en dépit des assurances reçues sur leur maintien, le vérificateur des faits de Sota FM a effectué le déplacement du pont du fleuve Niger pour constater l’effectivité de la fermeture. À 17h23 ce jeudi 7 mars, nous sommes sur le pont. Sur place, aucun signe de présence humaine mis à part les policiers en position du côté du Bénin. Les blocs et conteneurs installés du côté du Niger sont toujours gardés, bloquant ainsi la circulation dans les deux sens.
En conclusion, Sota Fm a vérifié l’affirmation selon laquelle le Niger a ouvert ses frontières avec le Bénin et avons constaté que c’est faux. La frontière entre le Bénin et le Niger n’est toujours pas ouverte ce jeudi 07, ni dimanche 10 mars, contrairement à l’affirmation sur un post Facebook et dans les journaux tels que ‘‘Le Télégramme’’, ‘‘l’Evénement Précis’’, ‘‘Oxo’’, ‘‘Quotidien l’Observateur’’, montrant une délégation mixte des autorités nigériennes et celles de Malanville au Bénin.
Il faut le préciser, le trafic terrestre entre les deux pays est suspendu depuis le renversement du pouvoir Bazoum au Niger. Malgré la levée des sanctions de la CEDEAO contre le pays, le Niger maintient toujours sa frontière terrestre fermée avec le Bénin. Le samedi 24 février 2024, un homme de nationalité nigérienne a été abattu par les forces de sécurité du Niger, pour avoir forcé le passage sur l’ouvrage de franchissement.
Cette vérification des faits est rédigée par Loukoumane Worou Tchehou de Sota FM dans le cadre du programme de Masterclass de GEC Disinfo, avec le soutien de Code for Africa, à travers son initiative de vérification des faits, PesaCheck et l’Alliance africaine de fact-checking (AFCA).