[Bénin-Niger] Trafic transfrontalier : le fleuve Niger, le boulevard d’intenses activités illégales 

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Depuis l’avènement au pouvoir des hommes en armes à Niamey, le 26 juillet 2023, la frontière terrestre du Niger avec le Bénin est restée fermée. Sur l’unique pont qui relie les deux pays, est installé un impressionnant dispositif de blocs et de conteneurs gardés par des forces de défense et de sécurité nigériennes, pour suspendre la circulation des personnes  et des biens. Mais cette fermeture qui dure bientôt un an, n’est que façade. Des activités illégales se sont amplifiées sur le fleuve Niger, principal cours d’eau qui sépare les deux Etats.

Il sonnait 8h30 (heure locale) ce mardi 30 avril 2024. Au bord du fleuve Niger, du côté du Bénin, sur l’ancien pont, l’ambiance est celle d’un marché. Les lieux grouillent de monde. Embarquements et débarquements des hommes et des biens, ça va et revient via le cours d’eau. De là partent des marchandises les unes emballées dans des sacs, des bidons dont on ne peut connaître le contenu en direction du Niger. Les camions viennent décharger les nombreux sacs pour laisser le relais aux piroguiers qui font office de « passeurs ». C’est aussi l’endroit où s’effectuent le chargement et le déchargement des voyageurs et leurs bagages en provenance de ce pays voisin. 

A peine arrivés sur ces lieux où les odeurs corporelles s’entremêlent à celle du poisson de pêche, que des jeunes accourent vers nous, proposant leurs services de passeurs. « Venez embarquer par ici, voici ma pirogue, je vous amène à Gaya », nous dit un jeune adolescent, l’un des nombreux passeurs de la rive. Ils sont de la tranche de 15 à 40 ans. A la lisière du cours d’eau dont l’humidité fait oublier un moment les plus de 40° de température, plus d’une dizaine de barques sont positionnées et n’attendent que des voyageurs ou des marchandises pour bouger. D’autres accostent avec à leur abord des passagers et des bagages. Ces derniers sont des voyageurs en provenance du Niger. Les uns en direction du Bénin, les autres du Burkina Faso, du Togo ou encore de la Côte d’Ivoire.

A quelques centaines de mètres de là, se situe Tounga, l’un des importants embarcadères de Malanville qui s’étend sur un espace de près cinq hectares. Ici aussi, c’est la même scène en pire. Des camions et des engins à deux et à trois roues viennent décharger ou recharger des marchandises ou des personnes. Les hommes et femmes de différentes nationalités y transitent. Maazou un voyageur, visage totalement voilé, en provenance du Tchad via le Niger vient de débarquer. 

Avec ses trois grandes valises, il transite par le Bénin avec pour destination finale Lomé, la capitale togolaise. Sans donner de détails sur son expérience de la traversée du fleuve, le voyageur déclare : « je n’ai pas d’autres moyens pour aller à Lomé ». Comme lui, des dizaines de voyageurs affluent à Tounga.

« Si vous voyagez avec nous, vous n’avez aucun souci à vous faire. Si vous n’avez pas de pièce d’identité, il vous suffit de payer, chacun 1.000 FCFA aux policiers à Gaya pour passer, pour ceux qui n’ont pas de pièces d’identité », nous propose en langue Haoussa, Abibou nigérian de nationalité. Sa pirogue a pris de l’eau pendant la traversée et il s’emploie à évacuer à l’aide d’un bocal en plastique. Selon les explications de ce piroguier, les bagages subissent une fouille douanière sur le sol nigérien.

« Je vais à Gaya (première ville nigérienne à la frontière avec le Bénin – Ndlr) pour recharger ma bouteille de gaz », confie Moumouni Bouraïma, Malanvillois, un peu moins de la quarantaine, prêt à embarquer à bord d’une pirogue de fabrication artisanale. Moumouni prend le risque de traverser le fleuve pour recharger sa bouteille de gaz en raison de la disponibilité et de l’accessibilité du produit de l’autre côté de la frontière. Vendue entre 5.000  et 6.000 FCFA sur le territoire béninois, la bouteille de gaz de 6kg est vendue à 3.000 FCFA voire 2.500 FCFA à Gaya au Niger.

Le fleuve, le couloir officieux  

« Nous n’avons que ce moyen pour faire passer nos marchandises vers le Niger. C’est non officiel mais, nous n’avons pas de choix », explique Moutala Adamou, responsable d’une Société de transit et de transport basée à Cotonou. 

Il suffit, poursuit-il « qu’on déclare la marchandise pour la mise en consommation au Bénin, pour les formalités douanières au Port de Cotonou. Nous transportons les marchandises jusqu’au fleuve à Malanville. Une fois sur place, nous sollicitons les services des piroguiers qui nous aident à les faire passer jusqu’à l’autre rive du fleuve ». Mais cela va sans dire que les conditions de mise en consommations des produits au Port Autonome de Cotonou sont respectées, insiste le transitaire. 

27 décembre 2023, les autorités du Port de Cotonou, à travers un communiqué, ont levé la mesure de suspension des importations des marchandises à destination du Niger. Une décision qui laisse perplexe, d’autant plus que les centaines de camions bloqués à Malanville depuis la fermeture de la frontière sont toujours sur place. Le transport fluvial est donc l’alternative à la frontière, mais risquée selon le transitaire qui appelle au rétablissement des bonnes relations économiques entre le Bénin et le Niger. 

« Le fleuve est une solution officieuse à la situation actuelle mais il y a des risques de noyades », craint notre interlocuteur qui évoque également des pertes de temps et des frais supplémentaires liés au transport des marchandises par voie fluviale. Car selon lui, depuis la fermeture de la frontière, en plus du coût des formalités douanières, les transitaires sont appelés à payer la traversée clandestine des marchandises. 

Cela reste une alternative pour les communautés, en attendant la normalisation de la situation qui dure des mois. A la frontière, plus d’une vingtaine de bus s’échangent des passagers. En grande majorité, ce sont les compagnies de transport du Niger qui opèrent dans la sous région ouest-africaine. Les produits importés et locaux passent dans les deux sens, tout comme les personnes à la frontière. 

Des pistes et des embarcadères loin des regards 

Pour faire transiter frauduleusement leurs marchandises, parfois prohibées, les acteurs choisissent de contourner les positions sécuritaires de contrôle mis en place en ville et au niveau des points d’embarquements. Une clandestinité que tentent de justifier les auteurs. « Il y a des zones dont l’accès est impossible aux camions. Nous sommes obligés de mettre à contribution les tricycles pour le transport des marchandises jusqu’au fleuve pour laisser la suite aux piroguiers ». 

A Banitè, nous avons surpris un véhicule en plein déchargement. « Ces sacs de riz que vous voyez seront transportés par des tricycles avec pour destination la rive du fleuve Niger à travers une voie de contournement », explique Bassiyéna Salifou avec qui nous avons sympathisé pendant notre escale de quelques heures à Guèné, un carrefour d’échange à quelques 30 kilomètres du côté sud de Malanville centre. 

Cette confidence suscite en nous des questionnements. Qui sont ceux qui effectuent ces rechargements? Pour quelle destination finale ? Pourquoi c’est à Banitè qu’il se fait et non à Malanville centre ? Et surtout quelle est cette voie de contournement ? Nous décidons alors de faire suivre le trajet par un jeune qui se fait passer pour un demandeur de travail. 

Dans un environnement assez bouillant où tout semble fonctionner sans loi, il se révèle que l’activité est bien coordonnée et hiérarchisée. Moctar, c’est lui le chef des lieux qui doit permettre à notre collaborateur infiltré de jouer le rôle de déchargeur de marchandises. Assis sous un arbre dont les quelques jaunâtres feuilles tiennent à peine, le patron accueille notre reporter de circonstance sous le guide d’un homme de main.

« Patron, il veut décharger ici comme là-bas ». « C’est quoi ton nom ? », demanda le patron. « Inoussa est mon nom. Je veux gagner un peu d’argent pour régler une urgence », répond poliment le reporter au patron. « Ici nous n’avons pas d’argent à distribuer. Seuls les travailleurs gagnent leur pain », réplique l’air sarcastique, le patron, avant d’ajouter « vas jober (travailler – Ndlr), tu seras rémunéré, 1000 f par déchargement ou embarquement ». 

Cette déclaration sonna comme un quitus à la requête. C’est là que se séparent temporairement nos chemins avec notre reporter. Inoussa (nom fictif), suit les nombreux tricycles qui prennent par un contournement côté ouest de la grande rizerie de Malanville en face de laquelle se trouve un poste de contrôle douanier. C’est une piste non officielle, une déviation pour contourner la position de la douane. 

A la question de savoir pourquoi une telle déviation. Un tricycliste répond : « les chiens des douaniers » (l’appellation locale pour désigner les aide-douaniers) nous embêtent avec des rançonnements, mieux vaut les éviter », avance-t-il. Mais en réalité cet argumentaire ne suffit pas. Une autre déviation est encore créée en brousse pour contourner le dispositif de contrôle policier à Tounga ou à l’ancien pont. 

Le point de chute de ces nombreux contrebandiers est soit Molla ou Monney, deux coins les moins contrôlés par les hommes en uniforme pour des raisons d’extrême insécurité selon une source. « Ce sont des zones extrêmement dangereuses. C’est le couloir de passage des « Aladjis » (pour désigner en langage codé les groupes armés terroristes) », explique la source qui a requis l’anonymat. La déviation de la zone de la rizerie conduit à Molla ou Karigui sur le fleuve Alibori (un affluent du Niger), ou encore Monney en passant par Dèguè-Dèguè. 

Devenue un couloir privilégié des contrebandiers, la piste de Dèguè-Dèguè difficilement praticable pour les non habitués, permet d’acheminer les produits de tout genre jusqu’au fleuve sans se faire repérer. Mais pour pratiquer ce sentier au milieu de la brousse loin des habitations, il faudra braver la poussière et le sable comme au désert. Une fois devant les eaux, le relais est laissé aux piroguiers qui se chargent de la traversée fluviale dans une ambiance de course contre la montre.

Un véritable business

Pendant que des voix s’élèvent pour appeler à la réouverture de la frontière entre le Bénin et le Niger pour qu’enfin se normalise le transport frontalier, des personnes y voient la disparition de leur gagne pain. « Al hamdoulillah, depuis que la route est bloquée, je gagne beaucoup d’agent », avance fièrement Hassan B entouré de ses compagnons de circonstance. 

Il n’est pas prêt à soutenir l’idée de la réouverture de la frontière. Plus de cinq ans qu’il est dans ce métier de passeur, ce piroguier de 35 ans, l’air souriant, chiffre ses avoirs journaliers autour de 15 000 FCFA. « Il arrive des jours surtout les mardis (jour de marché à Gaya – Ndlr) où je suis beaucoup sollicité pour le transport des marchandises. J’atteins parfois 25 000 FCFA de recettes », confie-t-il en langue locale Dendi.

La commerçante Abiba Broutani voilée de son long hijab, la quarantaine d’âge est affairée à dénombrer ses nombreux colis transportés par des Kabou-Kabou (Taxi-moto) de la ville à la rive. Pas assez de temps à perdre avec un journaliste pour une interview, mais nous avons pu réussir à lui arracher quelques mots. 

Selon ses déclarations, les piroguiers prennent 1000 FCFA par passager pour un trajet qui ne dure qu’environ cinq minutes. A l’aller comme au retour, le voyageur doit débourser la même somme, s’il n’a pas de bagages. « En cas de grands bagages (dont le poids excède les 25 kilogrammes – Ndlr), les frais s’élèvent à 2000 fcfa ou 1500 FCFA », confie Djibo Arouna, un autre passeur rencontré au bord du fleuve sous un ciel bien ensoleillé. 

Toutefois, explique-t-il, « ces montants ne sont pas figés. Tout est négociable ». Au bout du compte les passeurs réalisent de bons chiffres d’affaire.  « Généralement, je m’en sors avec au moins 15 000 FCFA, la journée », dit Djibo Arouna, conducteur de camion converti en passeur sur le fleuve depuis la fermeture de la frontière terrestre entre le Niger et le Bénin. 

Dans ces transactions, l’oignon est essentiellement la marchandise qui accoste sur la rive béninoise. Sur la route inverse, le marché du Niger est alimenté par des produits céréaliers notamment le maïs transportés en plusieurs dizaines de tonnes de jour comme de nuit. En moyenne par jour, « une douzaine de camions de 80 à 90 tonnes déchargent au bord du fleuve », a déclaré une source sécuritaire. 

Selon cette dernière, le trafic a connu une ampleur significative en avril 2024. « On dénombre près de 20 camions avec plus de 90 tonnes de chargement par jour, sans parler des tricycles qui ne cessent de faire des navettes », nous apprend l’agent de sécurité. Et cette réalité n’est qu’une partie visible de l’iceberg.  

Le même flux est observé pour le riz non décortiqué, récolté dans les champs du périmètre rizicole de Malanville avec pour destination, le vaste marché du Nigeria via Kotchi. A la rive du fleuve Sota, un affluent du fleuve Niger, des centaines de sacs entreposés pour être déportés. Commerçants, passeurs et autres usagers se bousculent comme dans une course contre la montre. L’atmosphère est aussi suffocante sous le soleil ardent d’une température qui avoisine 45°C.

Le transport le plus lucratif, c’est le transport des véhicules à l’aide des pirogues. Surprenant ! Des voitures sont transportées sur le fleuve mais dans la plus grande clandestinité. Ceci malgré la traque engagée contre la pratique jugée illégale par les autorités nigériennes. En octobre 2023, soit environ un mois après la suspension des transactions terrestres, les dirigeants nigériens à la frontière ont arraisonné trois  véhicules transportés à l’aide des pirogues motorisées via le fleuve Niger. 

Boureima Seyni, alors préfet de Gaya indiquait que c’est le fruit d’une opération conduite suite à une alerte sur ce trafic clandestin dans un contexte de crise entre Niamey et Cotonou qui soutient les mesures de sanctions de la CEDEAO. « J’ai eu des informations notifiant que des véhicules seraient en train d’être transportés sur des pirogues pour traverser le fleuve en provenance du Bénin. C’est ainsi qu’aux environs de 23 heures [soirée du mardi 03 octobre – Ndlr], j’ai pris la patrouille départementale », informe l’autorité préfectorale d’alors, avant d’évoquer la gravité de ce trafic. 

« Si déjà on a l’audace de contourner tout notre dispositif et même faire traverser des véhicules sur le fleuve Niger, vous conviendrez avec moi que c’est vraiment sérieux. C’est très grave. Les auteurs, au nombre de six, sont interpellés et remis à la disposition de la justice pour que la loi soit appliquée dans toute sa rigueur », indique le capitaine Boureima Seyni. 

Le trafic des produits prohibés, l’autre activité illégale à succès sur le fleuve

Bien avant la fermeture de la frontière, le fleuve Niger était le canal privilégié des trafiquants. Des produits prohibés régulièrement saisis s’estiment en des tonnes. En janvier 2023, la brigade fluviale de gendarmerie de Gaya a procédé à la saisie d’importantes quantités de drogues dont 320 000 comprimés de Diazepam, 260 briques de chanvre indien, 38 boules de chauve indien et deux motos. Ces trafics se sont renforcés sur le fleuve depuis l’arrêt du transport terrestre. 

« Dimanche 07 janvier 2024, vers 19 heures, une opération réussie de la brigade fluviale de gendarmerie de Gaya a permis la saisie d’une autre importante quantité de produits pharmaceutiques de contrebande dans la commune de Gaya. Ces produits dont la valeur marchande est estimée à plusieurs centaines de millions de francs CFA,  auraient quitté le Bénin en direction du Niger via le fleuve », révèle le journal « La Perche du Nord« . 

Présentés à la presse, il s’agit de 204 000 comprimés de Ladinax, 150 000 gélules de Nifleril, 60 000 comprimés de Dyclosa 50, 20 000 comprimés de Paracétamol 500mg, 20 000 comprimés de Col Caps, 12 000 comprimés de Quinine Sulfate 100 mg, 7 000 paquets de Craven A, et 1 000 paquets de Fine. L’ampleur de ces activités illégales est prise au sérieux par les officiels du Niger. Parce que, pour le Capitaine Boureima Seyni « il s’agit d’une association de malfaiteurs ». 

« Si déjà on a l’audace de contourner tout notre dispositif et même faire traverser des véhicules sur le fleuve Niger, vous conviendrez avec moi que c’est vraiment sérieux. C’est très grave », s’est préoccupé le capitaine nigérien. Malgré ces mises en garde, la pratique ne faiblit pas. Les activités prennent de l’envol et s’opèrent de jour comme de nuit. Dimanche 5 mai 2024 en début de soirée, la brigade fluviale de Gaya a saisi treize boules d’un kilogramme chacune, de chanvre indien. Cette nouvelle saisine présentée à la presse ce lundi 6 mai a été réalisée près de la rive.

Du côté du Bénin, les points d’embarquement se sont également multipliés au rythme du trafic. A Malanville, l’on dénombre plus de cinq embarcadères clandestins qui échappent au contrôle de la police. Les éléments du Commissariat frontalier de la commune se montrent actifs sur le terrain, mais la lutte contre les activités illégales reste un défi permanent pour les agents de sécurité. 

La situation sécuritaire liée à l’extrémisme violent ébranle parfois les dispositifs de contrôle à Malanville. La dernière attaque qui a fait trois morts et un blessé grave dans le rang des militaires, dans la nuit du mardi 16 avril, sur le pont de Monkassa est attribuée, par plusieurs observateurs, au réseau de trafiquants. Prenant la menace au sérieux, le commissaire du poste frontalier de Malanville par un communiqué radio en date du 25 avril 2024, interdit la fréquentation nocturne dans la zone marécageuse du fleuve Sota (un affluent du fleuve Niger Ndlr) situé derrière l’unité de police et le Poste de Contrôles Juxtaposés (PCJ). 

«…Le contexte particulier du département de l’Alibori en proie à une menace terroriste permanente impose un contrôle rigoureux voire une restriction autour des casernes et unités de police aussi bien en journée que par temps de nuit compte tenu des nombreuses attaques perpétrées sur certains commissariats de Police et positions abritant les Forces de Défense et de Sécurité (FDS) qui ont été pris pour cibles », justifie le Commissaire Koffi Richard Zenny.

De plus en plus hostiles au contrôle sécuritaire et aux présences étrangères, les périmètres du cours d’eau apparaissent comme des zones déconseillées. Les intenses activités qui s’y développent, les unes plus dangereuses que les autres, témoignent des mesures de résilience adoptées par les populations face à l’arrêt du trafic terrestre devenu inefficace à la frontière mais entretenu par les autorités militaires nigériennes malgré la levée des sanctions de la CEDEAO.

Un coup de frein mais pas l’arrêt!

Depuis la semaine du lundi 6 mai, la donne change. A la surprise du grand nombre, la sortie des produits alimentaires est suspendue au Bénin. Face à la cherté des denrées alimentaires, le gouvernement du Président Patrice Talon a décidé de mettre fin à l’exportation des céréales notamment le maïs dont le coût a connu significativement une hausse sur le marché local. Les unités des forces de sécurité et de défense, appelées à veiller au respect de cette mesure, multiplient des opérations d’arraisonnement des produits à la frontière. 

A Malanville, les portes de sortie sont verrouillées sur le fleuve. Les commerçants et commerçantes crient leur mécontentement. « J’ai plusieurs sacs de maïs au magasin que je dois faire traverser pour vendre à Gaya. Que dois-je faire maintenant ?« , se plaint Halima, une commerçante de céréales rencontrée à Malanville. Elle estime son stock à environ trente tonnes de maïs. 

A Tounga ou à l’ancien pont ou encore sur le fleuve Sota, les éléments du Commissariat frontalier sont intransigeants sur l’interdiction stricte de passage des produits. Malgré ces restrictions, des contournements s’observent à travers la naissance des déviations et embarcadères officieux. Cette semaine la chaîne de télévision nationale présentait une quantité de 42 sacs d’engrais NPK arraisonnés par une opération mixte de la douane et la police à l’embarcadère de Bodjecali sur le fleuve Sota. Si Cotonou justifie sa décision par le besoin de normaliser les échanges avec son voisin qui refuse de lever ses barrières, des manœuvres ne faiblissent pas et la contrebande résiste sur l’axe du fleuve Niger.

Loukoumane WOROU TCHEHOU

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